Est-ce, comme le suggère la participation du contrebassiste Jérémy Bruyère, le plus jazz des projets des Emeudroïdes?
Projet né d’une collaboration avec le label Neos-Jazz, et bien que flirtant avec l’appellation, les Emeudroïdes restent adaptés aux environnements les plus opposés. Ils transitent dans les espaces lisses, quasi désertiques de l’électroacoustique, mais savent aussi se faufiler dans le quadrillage urbain des rythmes les plus resserrés.
L’émeudroïde y est individu non pas tant parce qu’il est seul, mais parce qu’il est unique, se distingue radicalement des autres membres de l’espèce. L’individu n’est jamais « seul », en vérité. Tissé de multiplicité, il ne cesse pas d’être en soi un collectif, comme le démontre éloquemment chacune des compositions attribuées à un des membres.
Individu et collectif, aphasique et dialecticien, nomade et sédentaire, sauvage et sophistiqué, l’émeudroïde lance comme le sophiste un défi renouvelé au principe de contradiction. Mais c’est là que s’arrête la parenté avec la sophistique. La sophistique est un art de la surface, l’émeu sapiens, lui, est un animal des profondeurs.